Burkina Faso : Ci-gît la CENI !

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Burkina Faso : Ci-gît la CENI !


Coup de tonnerre dans le paysage institutionnel burkinabè : le gouvernement a décidé, ce 16 juillet, de rayer d’un trait la Commission électorale nationale indépendante (CENI). L'Exécutif, réuni en Conseil des ministres, a adopté un projet de loi actant la dissolution pure et simple de l’organe chargé d’organiser les élections.

Officiellement, cette décision s’inscrit dans une volonté de « refondation de l’État » et de réduction des charges publiques. Le ministre d’État Émile Zerbo l’a d'ailleurs martelé : « Subventionnée à près d’un demi-milliard de francs CFA chaque année, la CENI est devenue une structure budgétivore, en totale incohérence avec la Charte de la Transition ».

Derrière cette justification budgétaire, c’est un profond changement institutionnel qui se joue, avec le retour en arrière vers un système électoral contrôlé directement par le ministère de l’Administration territoriale. Autrement dit, l’État organisera désormais lui-même ses propres élections.

Une telle décision ne manque pas de soulever des inquiétudes. Car la CENI, bien que critiquée, restait un contrepoids nécessaire et un symbole d’indépendance dans l’organisation des scrutins. Sa disparition marque une rupture majeure avec les acquis démocratiques patiemment construits depuis des décennies.

Si le projet de loi doit encore passer par l’Assemblée législative de transition, la majorité mécanique du gouvernement laisse peu de place au doute sur l’issue du vote.

Cette réforme, aux allures de recentralisation, soulève déjà une question lourde : la refondation tant vantée sera-t-elle définitivement le tombeau de la démocratie pluraliste au Burkina Faso ? Affaire à suivre.


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