Le ministre de la Sécurité, Mahamadou Sana, a rendu publique ce 7 juillet une déclaration officielle accusant l'organisation internationale INSO (International NGO Safety Organisation) de mener des activités d'espionnage sous couvert d'aide humanitaire. Il a annoncé la suspension de ses activités et la poursuite judiciaire de plusieurs de ses responsables pour espionnage et trahison.
Les services de sécurité suivent depuis plusieurs mois les activités d'INSO, présentes au Burkina Faso depuis 2019, affirme le ministre. Officiellement, l'ONG, basée à La Haye, devait être un ancien acteur humanitaire aux questions de sécurité. Mais selon les autorités, elle se livrait à des « collectes systématiques d'informations sensibles, en violation de la législation nationale et de sa convention d'établissement ».
Les enquêtes ont révélé que l'organisation « enregistrait les itinéraires des convois militaires, les positions des forces de défense, les lieux d'accrochages avec les groupes armés et les coordonnées GPS des incidents sécuritaires ». Elle recensait également, selon le ministre, les victimes après les attaques, photographiait les zones d'opérations et collectait des données politiques et administratives dans les localités.
INSO aurait, selon Mahamadou Sana, recruté d'anciens membres des forces de sécurité, des enseignants, des infirmiers. Mais aussi des commerçants et orpailleurs dans les zones sensibles du pays, notamment dans le Soum, la Tapoa, le Liptako ou le Goulmou. Ces « relais communautaires », rémunérés, auraient permis à l'organisation d'obtenir des informations stratégiques sur le terrain.
Le directeur pays de l'ONG, le Français Jean-Christophe Émile Pégon, aurait reconnu, lors de son interrogatoire, avoir orienté son personnel vers la collecte de données liées aux mouvements militaires. Son adjointe, Aminata Marianne Guissé, de nationalité franco-sénégalaise, est accusée d'avoir poursuivi les activités d'INSO depuis son domicile à Ouagadougou malgré la suspension officielle de l'organisation le 31 juillet 2025.
Selon le ministre, elle a organisé le déplacement de Thomas Muzik, directeur des programmes de l'ONG et ressortissant tchèque, arrivé à La Haye début septembre. Ces deux responsables, ainsi que quatre employés burkinabè et un Malien, ont été interpellés.
Pour Mahamadou Sana, les faits sont graves : « INSO collectait et fournissait des informations sécuritaires sensibles pouvant être préjudiciables à la sécurité nationale et aux intérêts du Burkina Faso, à des puissances étrangères. »
Les personnes arrêtées seront présentées au procureur du Faso pour espionnage et trahison, a-t-il conclu.
Abraham TOURE
LEGENDE :
Le ministre de la Sécurité Mahamadou Sana/DR
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