Les Assises nationales de
l’Education ont pris fin le 20 novembre à Ouagadougou. Plusieurs propositions
ont été faites pour «le renouveau» de l’école burkinabè. Il appartient aux
gouvernants de les adopter et de les appliquer, soulignent les participants au
sortir des échanges.
Les
participants aux Assises nationales de l’Education ont fait des propositions
aux autorités politiques pour repositionner le système éducatif burkinabè dans
de meilleures conditions. Ils demandent au gouvernement de mettre en place un
cadre formalisé de dialogue permanent entre les décideurs et les partenaires
sociaux aux niveaux local et national. Cela aura le mérite d’éviter ou de
réduire les crises dans le secteur de l’Education.
Les
parties prenantes à ces travaux recommandent aussi au ministère de l’Education
nationale d’organiser des campagnes de sensibilisation sur la suppression du
Certificat d’étude primaire (CEP) et sur l’organisation du Brevet d’étude du
premier cycle (BEPC) à un seul tour. Ces deux réformes sur les examens
nationaux envisagées par le gouvernement n’ont pas fait l’unanimité pendant les
Assises nationales de l’Education.
Autre
point : la question de la gratuité. Cette question très en débat dans le milieu
éducatif a été mise sur la table de discussions. Les personnes conviées aux
Assises de l’Education proposent la relecture de la loi portant orientation
scolaire afin d’étendre la gratuité de la scolarité au niveau du préscolaire.
Ce premier niveau de l’éducation n’est pas pris en compte dans la gratuité
prévue par la loi de 2007 sur l’orientation scolaire.
Les conclusions
des Assises nationales insistent aussi sur les textes qui encadrent le secteur
privé. Les participants ont recommandé la relecture du décret régissant le
domaine de l’enseignement privé pour tenir compte du contexte actuel.
Plusieurs
propositions ont été enregistrées à l’issue des débats. Par exemple, la
création de la Semaine nationale de la culture et des arts au secondaire, la
mise en place d’une stratégie de mobilisation de ressources auprès des
Burkinabè de l’Extérieur, l’adoption d’une tenue scolaire unique au Burkina
Faso, la relance et la redynamisation du sous-secteur de l’éducation de base
non formelle sont, entre autres, les propositions retenues par les
participants.
Une trêve sociale de 5 ans
rejetée par les partenaires sociaux
Si
beaucoup de propositions ont fait à l’unanimité, après des débats, certaines
ont été vigoureusement rejetées. La demande d’une trêve sociale de 5 ans aux
partenaires sociaux a fait l’objet de désaccord. La proposition est venue de la
partie gouvernementale. Selon les représentants du gouvernement, cette trêve
permettrait à l’Exécutif de relancer le système éducatif burkinabè. Mais les
partenaires sociaux ont rejeté cette idée. Selon nos informations, la mise en
œuvre du protocole d’accord signé en janvier 2018 suite aux manifestations du
personnel de l’Education n’est pas jugée satisfaisante par plusieurs acteurs du
système éducatif. Ils citent en exemple le non-respect du mandatement rapide
des sortants des écoles de formation. Ce point du protocole d’accord n’est pas jusque-là
appliqué.
Les
forces vives de la nation, conviées à ces échanges, ont interpelé le
gouvernement à adopter, de façon diligente, les actes de ces Assises. Elles
demandent aussi la création d’un cadre de suivi de la mise en œuvre des
propositions qui en sont issues. Ils ont remercié le Président du Faso, le
Président de l’Assemblée nationale et le chef du gouvernement pour la tenue
effective de cette « importante » activité.
Le
Premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré, a présidé la cérémonie de
clôture de ces Assises. Il a félicité les participants pour « leurs
réflexions intenses, riches et méthodiques ». « J’ai été satisfait
par la démarche organisationnelle qui a été inclusive et participative. Vous
avez participé à définir le profil du citoyen nouveau du Burkina Faso », a
noté le chef du gouvernement. Il a instruit, sur le champ, le ministre en
charge de l’éducation nationale, Stanislas Ouaro, à « dégager dans un bref
délai une feuille de route pour la mise en œuvre des propositions issues de ces
Assises nationales de l’Education nationale. » Il a promis de travailler à
redonner à l’Ecole burkinabè son lustre d’antan. Pour ce faire, il appelle les
enseignants, les professeurs, les travailleurs de la vie scolaire, les élèves,
les parents d’élèves et le peuple à « accompagner la nouvelle vision de l’enseignement
au Burkina Faso».
Ham SANGARE
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Adamou Kapioko, élève en 1re
A au lycée Diabo Lompo de Fada N’Gourma (représentant des élèves de la région
de l’Est) : «Je souhaite que le ministre Ouaro prenne en compte toutes les
propositions»
«J’ai
participé aux Assises nationales de l’Education. J’étais dans le groupe 4. Les
débats étaient de taille. Il y avait des thématiques pertinentes. Il y a eu des
propositions. Si elles sont prises en compte par le ministre de l’Education
nationale, cela permettra de remédier à beaucoup de problèmes rencontrés dans
notre système éducatif. Nous pourrons ainsi améliorer la qualité de l’Ecole.
J’appelle donc le ministre de l’Education à prendre en compte toutes les
propositions des participants à ces Assises».
Yahaya Zoungrana, député :
«Les autorités ont pris conscience du caractère inadapté de notre système
éducatif»
Je
suis le président de la Commission en charge de la jeunesse, de l’éducation, de
l’emploi et de la culture à l’Assemblée nationale. Je suis là avec des députés membres de cette commission et des
députés d’une autre commission. Les travaux sont de qualité. Le document de
base des Assises nationales, qui a rassemblé les propositions faites dans les
régions lors des assises régionales, était assez exhaustif. Il abordait le
système éducatif dans toutes ses problématiques. J’ai présidé l’un des groupes.
Notre travail a consisté à analyser la pertinence de ces propositions et leur
faisabilité. Les participants ont retenu certaines propositions, les ont amendées ;
d’autres ont été rejetées parce qu’elles n’étaient pas pertinentes (…) Les
autorités ont pris conscience du caractère inadapté de notre système éducatif.
Quand vous voyez tous ces jeunes avec des diplômes mais qui n’arrivent pas à
trouver du travail, c’est un signal fort qui invite les autorités à trouver des
solutions. Et ce sont ces pistes dont l’objectif est d’avoir «l’élève nouveau,
le citoyen nouveau» au Burkina, qui ont alimenté les échanges. Mais ce ne sont
pas en tant que tel ces Assises qui vont permettre d’avoir une Ecole de
qualité. C’est la mise en œuvre des résolutions qui permettront d’aboutir à
cela. Du reste, dans notre groupe, nous avons relevé qu’il y avait déjà des
idées pertinentes mais elles n’étaient pas mises en œuvre. Je pourrais donc
dire que c’est l’homme burkinabè lui-même qui constitue le problème. Il existe
une règlementation. Quand quelqu’un n’est pas performant à son poste, et qu’on
ne le sanctionne pas, ou quand un entrepreneur ne respecte pas les cahiers de
charges et n’est pas sanctionné, cela crée davantage de problèmes. Les textes
existent, il faut les appliquer. Que tous ceux qui sont impliqués dans la
chaine de décision fassent leur travail.
Propos recueillis par Ham
SANGARE