Annonce . Assises nationales de l’éducation : voici les grandes décisions

Assises nationales de l’éducation : voici les grandes décisions
actualite
  • jeudi 25 novembre 2021

Les Assises nationales de l’Education ont pris fin le 20 novembre à Ouagadougou. Plusieurs propositions ont été faites pour «le renouveau» de l’école burkinabè. Il appartient aux gouvernants de les adopter et de les appliquer, soulignent les participants au sortir des échanges.

Les participants aux Assises nationales de l’Education ont fait des propositions aux autorités politiques pour repositionner le système éducatif burkinabè dans de meilleures conditions. Ils demandent au gouvernement de mettre en place un cadre formalisé de dialogue permanent entre les décideurs et les partenaires sociaux aux niveaux local et national. Cela aura le mérite d’éviter ou de réduire les crises dans le secteur de l’Education.

Les parties prenantes à ces travaux recommandent aussi au ministère de l’Education nationale d’organiser des campagnes de sensibilisation sur la suppression du Certificat d’étude primaire (CEP) et sur l’organisation du Brevet d’étude du premier cycle (BEPC) à un seul tour. Ces deux réformes sur les examens nationaux envisagées par le gouvernement n’ont pas fait l’unanimité pendant les Assises nationales de l’Education.

Autre point : la question de la gratuité. Cette question très en débat dans le milieu éducatif a été mise sur la table de discussions. Les personnes conviées aux Assises de l’Education proposent la relecture de la loi portant orientation scolaire afin d’étendre la gratuité de la scolarité au niveau du préscolaire. Ce premier niveau de l’éducation n’est pas pris en compte dans la gratuité prévue par la loi de 2007 sur l’orientation scolaire.

Les conclusions des Assises nationales insistent aussi sur les textes qui encadrent le secteur privé. Les participants ont recommandé la relecture du décret régissant le domaine de l’enseignement privé pour tenir compte du contexte actuel.

Plusieurs propositions ont été enregistrées à l’issue des débats. Par exemple, la création de la Semaine nationale de la culture et des arts au secondaire, la mise en place d’une stratégie de mobilisation de ressources auprès des Burkinabè de l’Extérieur, l’adoption d’une tenue scolaire unique au Burkina Faso, la relance et la redynamisation du sous-secteur de l’éducation de base non formelle sont, entre autres, les propositions retenues par les participants.

Une trêve sociale de 5 ans rejetée par les partenaires sociaux

Si beaucoup de propositions ont fait à l’unanimité, après des débats, certaines ont été vigoureusement rejetées. La demande d’une trêve sociale de 5 ans aux partenaires sociaux a fait l’objet de désaccord. La proposition est venue de la partie gouvernementale. Selon les représentants du gouvernement, cette trêve permettrait à l’Exécutif de relancer le système éducatif burkinabè. Mais les partenaires sociaux ont rejeté cette idée. Selon nos informations, la mise en œuvre du protocole d’accord signé en janvier 2018 suite aux manifestations du personnel de l’Education n’est pas jugée satisfaisante par plusieurs acteurs du système éducatif. Ils citent en exemple le non-respect du mandatement rapide des sortants des écoles de formation. Ce point du protocole d’accord n’est pas jusque-là appliqué. 

Les forces vives de la nation, conviées à ces échanges, ont interpelé le gouvernement à adopter, de façon diligente, les actes de ces Assises. Elles demandent aussi la création d’un cadre de suivi de la mise en œuvre des propositions qui en sont issues. Ils ont remercié le Président du Faso, le Président de l’Assemblée nationale et le chef du gouvernement pour la tenue effective de cette « importante » activité.

Le Premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré, a présidé la cérémonie de clôture de ces Assises. Il a félicité les participants pour « leurs réflexions intenses, riches et méthodiques ». « J’ai été satisfait par la démarche organisationnelle qui a été inclusive et participative. Vous avez participé à définir le profil du citoyen nouveau du Burkina Faso », a noté le chef du gouvernement. Il a instruit, sur le champ, le ministre en charge de l’éducation nationale, Stanislas Ouaro, à « dégager dans un bref délai une feuille de route pour la mise en œuvre des propositions issues de ces Assises nationales de l’Education nationale. » Il a promis de travailler à redonner à l’Ecole burkinabè son lustre d’antan. Pour ce faire, il appelle les enseignants, les professeurs, les travailleurs de la vie scolaire, les élèves, les parents d’élèves et le peuple à « accompagner la nouvelle vision de l’enseignement au Burkina Faso».

Ham SANGARE

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Adamou Kapioko, élève en 1re A au lycée Diabo Lompo de Fada N’Gourma (représentant des élèves de la région de l’Est) : «Je souhaite que le ministre Ouaro prenne en compte toutes les propositions»

«J’ai participé aux Assises nationales de l’Education. J’étais dans le groupe 4. Les débats étaient de taille. Il y avait des thématiques pertinentes. Il y a eu des propositions. Si elles sont prises en compte par le ministre de l’Education nationale, cela permettra de remédier à beaucoup de problèmes rencontrés dans notre système éducatif. Nous pourrons ainsi améliorer la qualité de l’Ecole. J’appelle donc le ministre de l’Education à prendre en compte toutes les propositions des participants à ces Assises».

 

Yahaya Zoungrana, député : «Les autorités ont pris conscience du caractère inadapté de notre système éducatif»

Je suis le président de la Commission en charge de la jeunesse, de l’éducation, de l’emploi et de la culture à l’Assemblée nationale. Je suis là avec des députés membres de cette commission et des députés d’une autre commission. Les travaux sont de qualité. Le document de base des Assises nationales, qui a rassemblé les propositions faites dans les régions lors des assises régionales, était assez exhaustif. Il abordait le système éducatif dans toutes ses problématiques. J’ai présidé l’un des groupes. Notre travail a consisté à analyser la pertinence de ces propositions et leur faisabilité. Les participants ont retenu certaines propositions, les ont amendées ; d’autres ont été rejetées parce qu’elles n’étaient pas pertinentes (…) Les autorités ont pris conscience du caractère inadapté de notre système éducatif. Quand vous voyez tous ces jeunes avec des diplômes mais qui n’arrivent pas à trouver du travail, c’est un signal fort qui invite les autorités à trouver des solutions. Et ce sont ces pistes dont l’objectif est d’avoir «l’élève nouveau, le citoyen nouveau» au Burkina, qui ont alimenté les échanges. Mais ce ne sont pas en tant que tel ces Assises qui vont permettre d’avoir une Ecole de qualité. C’est la mise en œuvre des résolutions qui permettront d’aboutir à cela. Du reste, dans notre groupe, nous avons relevé qu’il y avait déjà des idées pertinentes mais elles n’étaient pas mises en œuvre. Je pourrais donc dire que c’est l’homme burkinabè lui-même qui constitue le problème. Il existe une règlementation. Quand quelqu’un n’est pas performant à son poste, et qu’on ne le sanctionne pas, ou quand un entrepreneur ne respecte pas les cahiers de charges et n’est pas sanctionné, cela crée davantage de problèmes. Les textes existent, il faut les appliquer. Que tous ceux qui sont impliqués dans la chaine de décision fassent leur travail.

Propos recueillis par Ham SANGARE


Publié par : Courrier Confidentiel