-Monsieur le Président de la Conférence des Chefs
d’État et de Gouvernement de l’Union africaine,
-Monsieur le Président de la Conférence des Chefs
d’État et de Gouvernement de la CEDEAO,
-Monsieur le Président de la Conférence des Chefs
d’État et de Gouvernement de l’UEMOA,
-Monsieur le Président de la Commission de l’Union
africaine,
-Monsieur le Président de la Commission de la
CEDEAO,
-Monsieur le Président de la Commission de l’UEMOA,
-Monsieur le Président du Parlement panafricain,
-Monsieur le Secrétaire général de l’ONU,
-Monsieur le Président du Conseil des droits de
l’homme de l’ONU,
-Madame la Directrice générale de l’UNESCO,
-Madame la Secrétaire générale de l’OIF,
-Mesdames et Messieurs les Présidents des instances
de régulation des médias des 15 pays de la CEDEAO,
-Monsieur le Président du Réseau francophone des
régulateurs des médias,
-Monsieur le Président de la Plateforme des
régulateurs de l’audiovisuel des pays membres de l’UEMOA et de la Guinée,
-Mesdames et Messieurs les ministres de la
Communication des 15 pays de la CEDEAO,
-Monsieur
le Président de l’Union africaine de radiodiffusion (UAR),
Appels
au meurtre de journalistes et de leaders d'opinion, menaces et intimidations
sur la presse nationale, montages grotesques contre des journalistes,
suspension des médias internationaux RFI
et France 24, expulsion des correspondants des journaux français Libération et le Monde... Les menaces sur la liberté d’expression et la
liberté de la presse sont très inquiétantes au Burkina Faso. Les mesures prises
par les autorités de ce pays, surtout ces derniers mois, sont de nature à
remettre en cause le droit fondamental des citoyens à être informés. La liberté
commence là où finit l'ignorance.
Au
Mali également, les pressions et les intimidations envers les journalistes et
les leaders d'opinion se multiplient. De novembre à décembre 2022, la chaîne Joliba TV a été suspendue par la Haute
autorité de la communication (HAC), après la diffusion d’un éditorial jugé
critique envers les autorités. Le 20 février 2023, la Maison de la presse de
Bamako a été mise à sac. Le 13 mars, le chroniqueur de radio Mohamed Youssouf Bathily, plus connu
sous le pseudonyme de Ras Bath, a été inculpé et écroué pour avoir dénoncé
“l'assassinat” de l'ex-Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. Le 15 mars,
Rokia Doumbia, dite "Rose vie chère", a été arrêtée à son tour pour
avoir communiqué sur la hausse des prix et "l'échec" de la
transition. Le 6 avril, le journaliste Aliou
Touré a été enlevé par des hommes armés et cagoulés et n'a été retrouvé
libre que quatre jours plus tard.
Là
aussi, la presse internationale est loin d'être épargnée. En février 2022, un
reporter de Jeune Afrique a été expulsé de Bamako. Et un mois plus tard,
RFI et France 24 ont été coupés sur
tout le territoire malien.
Au
Burkina Faso comme au Mali, ces attaques sont de plus en plus relayées sur les
réseaux sociaux par des "influenceurs" favorables aux régimes
militaires de ces deux pays, qui jouent aux justiciers et n'hésitent pas à
menacer de mort les journalistes et leaders d'opinion trop indépendants à leurs
yeux. Aujourd’hui, le mensonge s'ajoute à la violence. "L'instauration d'un régime de terreur", comme l'écrit le
quotidien burkinabè L'Observateur Paalga,
s'accompagne d'une vague de “fake news”
qui inondent les réseaux sociaux de contre-vérité. Les premières victimes de
ces "influenceurs" sont les populations malienne et burkinabè, qui
sont privées de débat démocratique.
En
cette période de grave crise sécuritaire dans ces deux pays, les journalistes
qui jouent un rôle crucial d’information des citoyens sont tous conscients de
leurs responsabilités. Ils comprennent aussi la complexité du contexte
politique, géopolitique et militaire. Ils vivent et subissent aussi
les graves conséquences de cette crise sécuritaire. Ils souhaitent, comme tous
les citoyens, le retour rapide à la paix. Pour autant, la lutte contre le
terrorisme ne doit en aucun cas servir de prétexte pour imposer une nouvelle norme de l’information et pour
restreindre les droits fondamentaux des populations malienne et burkinabè à
rechercher et à avoir accès à l’information par le biais des médias
professionnels et indépendants.
Au
Burkina Faso, la situation des journalistes est devenue tellement critique que
même l’institution chargée de la régulation s'en émeut. Dans un communiqué
publié le 29 mars 2023, le Conseil supérieur de la communication (CSC) "constate avec regret la récurrence des
menaces proférées à l'endroit d'organes de presse et d'acteurs des médias".
Le CSC demande aux autorités burkinabè de "prendre
les mesures idoines pour assurer la sécurité des médias et des journalistes
dans l'exercice de leur profession". De son côté, Volker Türk, le
haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, se dit "profondément troublé" par la
situation des médias au Burkina Faso. "En
cette période de transition, la protection des voix indépendantes est plus
nécessaire que jamais", ajoute-t-il.
Le
20 février, Alioune Tine, l'expert indépendant des Nations Unies sur la
situation des droits de l'homme au Mali, a déclaré être "extrêmement
préoccupé par le rétrécissement de l'espace civique, de la liberté d'expression
et d'association" au Mali.
Sur
la base de tous ces éléments, nous, signataires de cette lettre ouverte,
-Exhortons les autorités du Mali et du Burkina Faso
à mettre fin à toutes les mesures qui portent atteinte à la liberté de la
presse.
-Remarquons une absence de protection des forces de
sécurité et un silence de la justice face aux campagnes d'intimidation et aux
menaces de mort lancées contre les journalistes de ces deux pays. Tout en
respectant l’indépendance de la justice, nous demandons aux procureurs et aux officiers
de police judiciaire d’être plus réactifs sur ces actes répréhensibles par le
droit pénal.
-Demandons aux autorités de ces deux pays de
garantir la protection et la sécurité de tous les professionnels des médias victimes de
menaces, intimidations, harcèlement et attaques physiques.
-Demandons
aux autorités de diligenter des enquêtes impartiales, efficaces et
indépendantes pour faire la lumière sur les abus commis contre les
journalistes, identifier les responsables et les poursuivre en justice.
-Appelons les deux gouvernements à respecter les
obligations internationales signées et ratifiées par les États concernant la
liberté d'expression et la liberté de la presse, en particulier la Charte
africaine des droits de l'homme et des peuples et le Pacte international
relatif aux droits civils et politiques.
-Appelons
les responsables nationaux et les instances panafricaines et internationales
destinataires de cette lettre ouverte à soutenir cette démarche au plus haut
niveau : l’accès à l’information est un droit fondamental des peuples. En cette
journée mondiale de la liberté de la presse, il est essentiel de la défendre et
de la protéger.
SIGNATAIRES
1. AfrikaJom
Center
2. Association des Journalistes du Burkina Faso (AJB)
3. Association
des Professionnels de la Presse en Ligne (APPEL Sénégal)
4.Cellule
Norbert Zongo pour le Journalisme d’Investigation (CENOZO)
5.Centre
National de la Presse Norbert Zongo (CNP-NZ Burkina Faso)
6. Courrier
confidentiel (Burkina Faso)
7. Fédération
des Journalistes Africains (FAJ)
8. Fédération
Internationale des Journalistes (FIJ)
9.Fédération
Internationale pour les Droits de l’Homme (FIDH)
10.France 24
(France)
11. Fondation des médias pour
l’Afrique de l’Ouest (MFWA)
12.Human Rights Watch (HRW)
13. International Press Institute (IPI)
14.Jeune Afrique (France)
15. Joliba TV News (Mali)
16. Le Pays (Burkina Faso)
17. Le Monde (France)
18. Lefaso.net (Burkina Faso)
19. Le Reporter (Burkina Faso)
20. L'Événement (Burkina Faso)
21.Libération (France)
22. L’Observateur Paalga (Burkina Faso)
23. Radio France Internationale (France)
24. Reporters Sans Frontières (RSF)
25. Société des Editeurs de la
Presse Privée du Burkina Faso (SEP)
26. Omega Médias (Burkina Faso)
27. Union Internationale de la
Presse Francophone (UPF)
28. Union des Journalistes
d’Afrique de l’Ouest (UJAO)
29.24heures.bf (Burkina Faso)
30. Wakat Sera (Burkina Faso)
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