Il faut impérativement se réinventer. S’adapter
à l’évolution des nouvelles technologies. Depuis 2016, une pratique en vogue,
entretenue par des individus tapis dans l’ombre, décime les journaux
d’investigation. Ces individus scannent le journal papier dès
sa parution et le distribuent à grande échelle sur les réseaux sociaux.
Certains revendent même ces versions scannées. Créant ainsi de gros
préjudices financiers pour ces entreprises de presse déjà confrontées à un
contexte économique difficile. Nous en avons déjà parlé dans nos
colonnes: «Dès que le journal est sur le marché, il se trouve des
individus qui prennent la version papier (un seul exemplaire), s'asseyent et le
scannent en entier pour le partager dans des groupes WhatsApp ou avec un ami,
deux amis ; et comme un travail à la chaîne, la version scannée est partagée à
des centaines, voire des milliers de personnes à travers les groupes WhatsApp
ou des mailings list. Conséquence, la perte est énorme pour
les médias en question. Imaginez un média qui imprime 4000 exemplaires, et
une seule personne scanne un exemplaire qu'elle dispatche dans deux groupes
WhatsApp par exemple. Déjà, cela fait près de 500 personnes qui ont le journal
scanné par le fait d’un seul individu, et en même temps, près de 500 personnes
qui n’achèteront plus le journal. Si dans ces deux groupes, une autre
personne par exemple partage le même exemplaire dans deux autres groupes,
imaginez le dommage».
Il existe cependant des lecteurs qui, en
toute responsabilité, achète le journal pour s’informer et nous soutenir. Nous
leur disons merci. Merci encore et encore !
Mais la pratique a la peau dure.
L’actuel président du Conseil supérieur
de la communication (CSC), Abdoulazize Bamogo, avait, lui aussi, lancé
l’alerte en avril 2020, suite à une de nos publications à succès: «Depuis hier,
on lit sur les réseaux sociaux de nombreuses publications de félicitations
adressées au Journal Courrier Confidentiel (…). Dans le même temps, il circule
sur les plateformes de partage, des fichiers numériques du journal qui a été
scanné et mis en ligne par certains lecteurs. Si on peut saluer les
publications de félicitations qui participent de la promotion du journal et
contribuent ainsi à élargir les recettes de l’entreprise de presse, on doit
condamner les partages des fichiers qui nuisent à la vente du journal. Les
partages de fichiers tuent le journal. Ils empêchent les ventes du journal et
cultivent l’esprit du gratuit chez les lecteurs. Alors que le travail qui
vaut ces félicitations est le fruit d’un investissement financier important
(salaires des journalistes, activités d’enquête, administration, impression et
distribution du journal) que le Journal espère récupérer à travers ses ventes.
Pour un journal comme Courrier confidentiel qui ne fait pas
beaucoup de recettes publicitaires, ce sont les recettes de vente du journal
qui financent la production intellectuelle et industrielle du journal. Donc en
empêchant ces recettes, vous signez l’arrêt de mort du journal». Il avait
alors rappelé, avec force détails, que «le scannage et le partage des journaux
constituent un délit de contrefaçon « puni d'un emprisonnement de deux mois à
un an et d'une amende de 50 000 à 300 000 francs ou de l'une de ces deux peines
seulement » (Article 106, loi n°032-99/AN portant protection de la propriété
littéraire et artistique). Ceux qui se permettraient de vendre ces contrefaçons
des journaux risquent des peines encore plus lourdes, puisqu’il s’agira dès
lors d’acte de piraterie : « la piraterie est punie d'une peine
d’emprisonnement d'un an à trois ans et d'une amende de 500.000 à 5.000.000 de
francs ou de l'une de ces deux peines seulement » (Article 109)».
Cette pratique, difficilement
contrôlable, qui avait cependant diminué suite à des communiqués de
sensibilisation de la Société des éditeurs de la presse privée (SEP), a repris
de plus belle depuis quelques années. Comme un coup de poignard sur le dos
des journaux ! Une action en justice a même été initiée, entre-temps, par
des organes de presse écrite. Mais elle est restée lettre morte… en cours de
route.
Face à cette situation, nous avons
estimé qu’il était temps d’oser inventer l’avenir. C’est pourquoi, à partir de
mai 2023, les enquêtes de Courrier confidentiel seront exclusivement disponibles
sur son site web www.courrierconfidentiel.net. Une plateforme
sécurisée, où sont également stockés les articles de nos anciennes éditions, et
qui vous offre la possibilité de vous abonner, en choisissant la formule
d’abonnement qui vous convient. Votre abonnement vous donne accès à l’ensemble
des éditions publiées pendant la période d’bonnement que vous aurez choisie
ainsi qu’aux articles des anciennes éditions présents sur le site. Vous pouvez
également y acheter des articles de presse. Les paiements pourront être
effectués par Coris Money, Orange Money et Moov Money pour le cas du Burkina.
Il sera également possible de payer par Mobile money à partir de la Côte
d’Ivoire, du Mali, du Sénégal, du Cameroun et de la Guinée Conakry. Et ce
n’est pas tout : que vous soyez en France, aux Etats-Unis ou ailleurs, il
est désormais possible de vous abonner directement sur le site. Vous pourrez
payer votre bonnement par carte bancaire ou par Paypal (Visa, MasterCard,
etc.). Evidemment, plusieurs articles seront également accessibles sur le site,
sans aucun paiement.
Les dates de parution restent les
mêmes : les 5, 15 et 25 du mois, avec des publications d’alertes
entre ces éditions. Nous nous efforcerons de vous offrir un contenu plus
dynamique : des enquêtes, des interviews et d’autres informations
exclusives. A suivre !
Hervé TAOKO