Projet d'Interconnexion électrique dorsale nord : Le comité de supervision en conclave à Ouagadougou

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Projet d'Interconnexion électrique dorsale nord : Le comité de supervision en conclave à Ouagadougou

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La 6e réunion du Comité conjoint de supervision (CCS) du Projet d’interconnexion électrique Dorsal Nord s’est tenue à Ouagadougou le 27 février 2023. Les participants issus des pays membres à savoir le Bénin, le Niger, le Nigeria, le Togo et le Burkina Faso ont examiné les difficultés liées à la mise en œuvre du projet, validé le bilan à mi-parcours et le budget. La cérémonie d’ouverture a connu la présence du ministre en charge de l’énergie du Burkina, Simon Pierre Boussim.

C’est l’un des projets prioritaires de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en matière d’infrastructures de production et de transport d’énergie électrique.  Son nom : Projet régional d’interconnexion dorsale Nord. Il est porté à bout de bras par le Système d’échanges d’énergie électrique ouest africain (EEEOA). Mais l’appellation la plus connue est « West african power pool (WAPP) ». Décidé par les chefs d’Etat et de gouvernement lors d’un sommet de la CEDEAO, ce projet a été lancé en 2019. L’objectif principal est  défini : interconnecter plusieurs pays de la sous-région afin de faciliter les échanges en énergie électrique et améliorer  ainsi l’accès des populations à l’électricité. Les pays concernés sont le Bénin, le Niger, le Nigéria, le Togo et le Burkina Faso.

A termes, selon les initiateurs, la Dorsale Nord doit concrètement permettre la « construction d’une ligne de transport d’électricité à haute tension 330 kilovolts (KV) sur pylônes d’acier d’une longueur d’environ 880 km et 225 KV sur une longueur de 33 km».  Et à la fin des travaux, les pays impliqués comptent obtenir une interconnexion électrique d’une capacité de 430 mégawatts (MW). Cette capacité, selon les prévisions, doit s’étendre à 600 MW, cinq à dix ans après sa mise en service. Et ce n’est pas tout. Un autre objectif est dans le viseur : « Le projet prévoit la construction et/ou l’extension de cinq postes de transformation électrique et systèmes SCADA (un système de supervision industrielle), ainsi que l’extension des dispatchings nationaux des pays impliqués dans le projet, et de câbles de garde à fibres optiques (OPGW) ».

«Des progrès considérables» à mi-parcours

Autre aspect de la Dorsale Nord : l’électrification des communautés rurales situées dans un « rayon de 5 km de part et d’autre de la ligne  et  plusieurs mesures d’atténuation environnementales et sociales ». Et à cet effet, le Secrétaire général du WAPP, le burkinabè Siengui Apollinaire Ki, fait le point des indemnisations des populations touchées par les installations du projet : «Le processus d’indemnisation a démarré au Niger dans les régions de Niamey et Dosso. Il se poursuivra ensuite à Ouagadougou et Malanville (au Bénin). Dans le cas du Nigeria, le processus d’indemnisation sera mené à Birnin Kebbi ».

Selon le SG du projet, malgré la crise sanitaire de la covid-19, le projet a connu des avancées dans sa mise en œuvre depuis son lancement en 2019. Et il fait le point des réalisations. « On peut noter la cérémonie officielle  de lancement des travaux, la mise en vigueur des contrats de travaux des lots des lignes de transport et de construction des postes électriques, la finalisation de l’actualisation des inventaires des biens, le recensement des personnes affectées par le projet, la mise en œuvre du plan d’action de réinstallation (PAR) des différents pays, l’élaboration des Plans de protection de la biodiversité à la traversée des zones ayant un statut particulier au Niger et au Burkina Faso, la remise des sites de construction aux entreprises en charge des travaux des postes électriques et le lancement des paiements des indemnisations aux personnes affectées par le projet », confie-t-il.    

L’insécurité, une épine au pied

Les acteurs sont unanimes. Si des réalisations sont visibles dans le compteur du projet, il est cependant confronté aux problèmes sécuritaires. Les pays impliqués dans le projet subissent les affres des hommes armés dans la sous-région.  Le Directeur général de la SONABEL , Daniel Sermé, lors de la cérémonie d’ouverture de la réunion du comité de supervision, a souligné cet aspect qui freine l’avancée du projet. « L’insécurité qui sévit dans certaines régions des pays concernés par le projet, constitue une réelle préoccupation pour tous les acteurs impliqués », affirme-t-il. Le WAPP est un « symbole fort de solidarité agissante entre les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Et selon lui, les participants à la rencontre doivent « lever tous les goulots d’étranglement afin de donner un nouveau souffle au processus de réalisation de ce projet tant attendu ».

L’une des pistes de solution semble être en phase de mise en œuvre. Et c’est le SG du WAPP qui en parle. Il s’agit de la mise en place de comités nationaux de coordination de la sécurité des zones d’intervention. Ce processus « demeure une action primordiale à réaliser face à la dégradation de la situation sécuritaire », conclut-il.

Le ministre en charge de l’énergie du Burkina, Simon Pierre Bousim, qui a prononcé le discours d’ouverture de cette rencontre sous-régionale, note que l’accès à l’énergie demeure difficile dans les pays impliqués. Et pour lui, seuls des projets d’envergure communautaire comme la Dorsale Nord ou les projets de mutualisation des efforts entre les peuples sont capables d’y répondre efficacement. Le WAPP selon lui, est  « une mutuelle sous-régionale de l’électricité » parce qu’il permet aux pays moins nantis en électricité de collaborer avec ceux qui sont mieux nantis, dans un partenariat « gagnant-gagnant ».

Il a formulé aussi le vœu que la rencontre puisse permettre de trouver des solutions aux difficultés techniques, administratives et financières, car le projet a accusé, dit-il,  trop de retard. « Le succès de ce projet est un instrument vital de la lutte contre l’insécurité que vivent nos pays. Un travail de sécurisation musclé est ainsi en cours dans les zones impactées par la dorsale Nord », a-t-il déclaré.

 Ce projet sous-régional, selon les initiateurs, va coûter 568 millions de dollars.  Soit plus de 300 milliards FCFA. Il est financé par l’Agence française de développement (AFD), la Banque africaine de développement, l’Union européenne, la Banque mondiale et le gouvernement fédéral du Nigeria.

Par Lomoussa BAZOUN


1-      Ce projet d’interconnexion électrique sous-régionale va coûter plus de 300 milliards FCFA (Ph. CC)

2-      Le Secrétaire général du WAPP, Apollinaire Ki (Ph. CC)

3-      « Un travail de sécurisation musclé est en cours dans les zones impactées par la dorsale Nord », selon le ministre de l’Energie, Simon Pierre Boussim (Ph.CC)


Ecrit par Courrier Confidentiel






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