Le monde de
la magistrature est en deuil. Le président du Conseil constitutionnel, Kassoum
Kambou, a tiré sa révérence le 19 février à 66 ans, à Paris, des suites de maladie.
Acteur judiciaire, militant des droits de l’homme, syndicaliste, il était sur
tous les fronts de la lutte pour la promotion de la bonne gouvernance, selon
ses compagnons de lutte qui ne tarissent pas d’éloge à son égard.
Compétent,
engagé, humble, serviable, les termes ne manquent pas selon ses compagnons de
lutte pour le qualifier. Il a été membre fondateur du Mouvement burkinabè des
droits de l’homme et des peuples (MBDHP), créé le 19 février 1989. Et comme par
pure coïncidence, c’est à cette même date (un 19 février) qu’il rend son
dernier souffle.
Le
président du Mouvement, Chrysogone Zougmoré, retient de l’ex-président du
Conseil constitutionnel, un homme qui s’est mis au service de la protection et
la défense des droits humains. « Depuis 1989, il s’est beaucoup investi
dans des actions de promotion, de protection et de défense des droits humains, aussi
bien au niveau de nos différentes sections nationales qu’au niveau sous-région
et international. C’était un homme très engagé sur les questions de droits
humains ».
Membre
du Comité exécutif national du MBDHP qu’il intègre en 1999 à l’issue du 3e
congrès, il occupera le poste de Secrétaire aux affaires extérieures jusqu’en
2013. Il a été président de la Commission d’enquête indépendante mise en place
pour faire la lumière sur l’assassinat, le 13 décembre 1998, du journaliste
Norbert Zongo. Commission qu’il a d’ailleurs présidée au titre du Mouvement.
« Il a effectué un très bon travail avec les autres membres de la Commission.
Il s’est armé de courage, avec le soutien de l’ensemble du comité exécutif
national et l’ensemble de notre Mouvement. C’est dire à quel point il était très
engagé, très attaché et très rigoureux sur les principes qui gouvernent le
fonctionnement du MBDHP » témoigne Chrysogone Zougmoré.
La
disparition de son collègue et camarade de lutte est un événement douloureux,
souligne Christophe Compaoré, ancien Secrétaire général du syndicat des
magistrats burkinabè (SMB). Il retient cinq mots qui le caractérisent: son
engagement, sa foi en Dieu, l’amour du prochain, sa fidélité et son humilité.
« Kassoum Kambou a toujours évité d’être entre les schémas étriqués et le
prisme déformant des petits arrangements avec la vérité », soutient-il. Les différentes luttes menées aux côtés du défunt
ont permis d’engranger, dit-il, des acquis sur le plan judiciaire notamment
« la déconnexion de l’Exécutif du pouvoir judiciaire. Nous étions en train
d’imprimer une véritable indépendance au niveau de la magistrature ensemble. Malheureusement
il nous a quittés ». En dépit de cette disparition, son souvenir reste
toujours vivace dans leurs esprits. Et s’adressant à ce dernier, Christophe
Compaoré lance ceci : « La plus belle manière d’exprimer notre amour
et notre solidarité est de te dire qu’à travers nous, tu continueras d’exister ».
Dans
la même veine, le président du MBDHP, Chrysogone Zougmoré, note que la graine
semée par Kassoum Kambou a porté ses fruits. « C’est une personne
ressource très importante qui disparaît, mais il faut se réjouir car il a
contribué à assurer la relève qui devrait continuer à mener le combat de la
promotion et la défense des droits humains au Burkina Faso ». Soucieux
également de la promotion de la bonne gouvernance et de la lutte contre la
corruption, il fait partie des acteurs ayant contribué à la création du Réseau
national de lutte anti-corruption (RENLAC).
Par Tanga
Thierry ZONGO