L’affaire a défrayé la chronique suite à notre article
publié dans CC N° 255. Cinq hélicoptères commandés par l’Etat ont été livrés
sans respecter les normes requises. On a demandé des hélicoptères de combat,
ils nous ont livré des hélicoptères civils. Ils ont voulu ensuite caracoler en
allant démonter des pièces sur des hélicos tchadiens en panne afin de les
remonter sur nos hélicos. Mais ça s’est mal passé. Plus de 900 millions de FCFA
se sont envolés sans qu’aucune pièce n’ait été intégrée aux hélicoptères
civils. Au total, le Burkina a dépensé, selon nos sources, plus de 30 milliards
FCFA pour des hélicos livrés sans aucun respect des spécifications techniques.
En réalité, l’homme d’affaires, Rafi Dermardirossian, vendeur d’armes de nationalité
franco-arménienne, a obtenu, via l’une de ses sociétés dénommée Aranko Sécurity,
le marché de livraison des hélicos. Mais dans la pratique, ce n’est pas elle
qui l’a exécuté. Selon nos sources, elle a sous-traité l’achat des hélicos avec
une autre société, Helinka. Et même pour aller chercher les pièces des vieux
hélicos tchadiens afin de les intégrer à nos hélicos civils pour en faire des
hélicos militaires, Aranko va sous-traiter, là aussi, avec une société
française basée au Burkina, Aérotechnologies. Dans les deux cas, les clauses
des contrats ont été violées. De façon fragrante. Y a –t-il une complicité dans
la haute sphère de l’Armée ou de l’Etat visant à octroyer des marchés à l’homme
d’affaires Rafi malgré le non-respect des clauses contractuelles ? Il nous
revient, en effet, que malgré la non satisfaction des clauses du contrat
concernant les cinq hélicos, Aranko Sécurity a introduit une nouvelle offre
dans le but de livrer au Burkina, trois hélicoptères de même type. Cela va sans
doute coûter des milliards de francs CFA. Des hélicoptères qui auraient été
rejetés, selon nos sources, par un pays voisin. Le Burkina risque encore de
plonger dans une aventure tumultueuse. Le Chef de l’Etat, lui, semble ne pas
trop s’en préoccuper. Pourvu que ces appareils volent ! Et c’est
tout ! Un peu comme si la lutte contre le terrorisme était devenue un
«business» qui génère des milliards de francs aux profit de certains individus.
Et au détriment de la sécurité des citoyens. Il faut impérativement repenser le
mode d’attributions des marchés dans ce domaine.
Hervé
D’AFRICK
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