Le ministre de la Santé et de l’Hygiène
publique, Robert Kargougou, a effectué ce 10 mai, une visite au sein de la
Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques et des consommables
médicaux (CAMEG). Avant de mettre le cap sur le site de Tengandogo, il a
effectué une séance de travail avec les responsables de la CAMEG à son siège à
la ZAD.
A travers
cette visite, le premier responsable du département en charge de la santé
entend toucher du doigt les réalités de la structure. Habillé d’un gilet
estampillé CAMEG et en compagnie du personnel et des responsables de la
Centrale, il a fait le tour des locaux
dans lesquels sont entreposés les médicaments à Tengandogo. De la chambre
froide aux locaux à température ambiante, Robert Kargougou s’est imprégné des
conditions de stockage de ces produits. Il a félicité la CAMEG sous le leadership de sa
Directrice générale, pour le travail abattu en vue de rendre disponibles les
produits pharmaceutiques, en dépit des difficultés liées à la pandémie de
la Covid-19 et à la crise ukrainienne. Et selon la Directrice générale de la
CAMEG, Anne Maryse K’haboré, cette crise a un impact sur le coût des matières
premières et des frets logistiques qui augmentent inéluctablement. La structure
réussit tout de même «à disponibiliser 75% des médicaments essentiels »,
indique-t-elle.
A l’en croire,
de nombreux efforts sont faits par sa structure afin de permettre aux
populations d’avoir accès aux produits à des coûts accessibles. Ce, en dépit du
contexte international difficile. « Malgré la crise en Ukraine et malgré
l’augmentation du coût des matières premières actuelles, aucun patient ne
ressent l’augmentation au niveau de son prix de médicament. Ce sont des efforts
notables à encourager malgré les dettes importantes que nous avons. Le travail
est donc fait pour que la population puisse se soigner tranquillement, en toutes
circonstances, avec des médicaments de qualité et ce, sur toute l’étendue du
territoire », soutient-elle.
La CAMEG est cependant
en rupture de stock de 25%. Et cette situation se justifie par le fait que
« 95% et même plus de nos produits viennent de l’étranger. Nous n’avons
pas de production locale. Donc forcément, si le planning d’approvisionnement n’est
pas fiable, du fait du non paiement des fournisseurs dans les délais impartis
par exemple, il peut y avoir des retards importants de livraison. Les produits
peuvent être en rupture de temps en temps, mais des hommes et des femmes
travaillent au quotidien pour que ces temps de ruptures soient les plus courts
possibles et aient un faible impact sur la population ». Le taux de
rupture en 2016 était d’environ 33% contre 25% actuellement. Une réduction fort
appréciable dans le contexte plus que difficile que tout le monde connait, souligne-t-elle.
L’Etat s’engage à solder ses dettes
Autre
difficulté à laquelle la CAMEG fait face, ce sont les dettes des structures
publiques. Le montant de cette dette est chiffré à environ 20 milliards FCFA. Le
ministre Kargougou dit être conscient de la situation : « Les
structures centrales et les structures déconcentrées du ministère de la Santé
doivent beaucoup d’argent à la CAMEG ; cela se chiffre en termes de
milliards FCFA».
Des
dispositions sont prises pour remédier à cela, assure-t-il : « Nous
travaillons à mettre en place un mécanisme pour payer cette dette et aussi
mettre en place un mécanisme qui évite la reconstitution de la dette ». Un
paiement vivement attendu par la Directrice générale de la CAMEG. « Cela
va nous soulager et nous permettre de payer nos fournisseurs et travailler à avoir
un plan d’approvisionnement plus fiable et maîtrisé afin que chaque Burkinabè
puisse bénéficier de médicaments de qualité », note-t-elle.
Le 28
novembre 2021, deux entrepôts de la Centrale situés à la ZAD ont été détruits
suite à un incendie. Le ministre, au
cours de sa visite, a également fait le constat de la zone sinistrée. Il dit
traduire l’engagement de son département à «soutenir les efforts de
restauration des capacités de stockage de la CAMEG ». Depuis cet incendie,
la CAMEG confie avoir réalisé des audits du système de sécurité. Un projet de
modernisation du système de sécurité incendie et du contrôle d’accès est
également en cours de déploiement sur ses 10 agences réparties sur 8 régions.
On note par
ailleurs que les autres dépôts pharmaceutiques ayant été victimes d’incendie ne
sont pas des entrepôts de la CAMEG. Il s’agit plutôt des dépôts répartiteurs des
districts et des dépôts de Centres de santé et de promotion sociale (CSPS) du ministère
de la Santé. « Les premiers rapports qui nous parviennent font état, le
plus souvent, de dysfonctionnements au niveau des circuits électriques. Mais je
voudrais vous rassurer que le ministère de la Santé travaille à ce que des
investigations plus poussées soient faites afin que nous évitions de telles
situations qui entravent la disponibilité du médicament », a indiqué le
ministre.
La mission de
la CAMEG est de rendre disponibles et accessibles des produits de santé de
qualité sur toute l’étendue du territoire national. Dans l’optique d’assumer
pleinement sa mission, elle a défini une vision dite « audacieuse ».
Selon cette vision, « en 2025, la CAMEG est reconnue dans le
système national de santé pour sa performance et à l’échelle régionale pour son
expertise». La concrétisation de cette vision repose sur 4 axes stratégiques
qui s’étalent sur la période 2021-2025. Ce sont : la performance
organisationnelle, le renforcement de la chaîne d’approvisionnement, l’intensification
de l’action marketing et commerciale ainsi que la communication et le
rayonnement de la CAMEG.
La structure
s’est par ailleurs dotée d’une politique qualité. Ces actions lui ont valu la
certification à la norme internationale ISO 9001 version 2015 depuis mai 2021,
faisant d’elle une des rares centrales dans la sous-région, dont les normes
sont équivalentes aux standards internationaux.
Association à
but non lucratif, la CAMEG a été créée en 1992. Elle est dotée de la
personnalité juridique et de l’autonomie financière. Elle assure le Secrétariat
permanent de l’ACAME (Association des Centrales d’achats de médicaments
essentiels), regroupant plus de 22 pays d’Afrique et reconnue comme acteur non
étatique de l’OMS et qui a un accord de siège avec le Burkina Faso depuis 2018.
Par Tanga Thierry ZONGO