Le monde éducatif du Burkina
est en conclave à Ouagadougou. Les assises nationales sur l’Education nationale,
annoncée depuis des mois, se sont tenues du 18 au 20 novembre. Les participants
ont diagnostiqué sans complaisance le système éducatif burkinabè et dégagé des
solutions.
Grande
mobilisation au Centre international de conférences de Ouagadougou. Venus des
régions, provinces, communes, villages, des écoles, lycées et collèges, les
participants à ces assises nationales sur l’Education nationale se sont penchés
sur le système éducatif dans son ensemble. Objectif : dégager un pacte
national pour une école de qualité. Selon le maire de la commune de
Ouagadougou, Armand Pierre Beouindé, la présence du chef de l’Etat à ces
assises est un symbole fort. Elle témoigne de ce que l’Education est une
priorité aux yeux des plus hautes autorités du Burkina. Le bourgmestre a salué
le chef de l’Etat Roch Kaboré et son gouvernement. L’Etat a accordé, dit-il, plus
2,8 milliards FCFA à sa commune afin de réaliser des activités dans le domaine
de l’éducation. Il fonde espoir que ces trois jours de réflexions permettent de
dénicher des pistes de solutions pour une éducation de qualité. Mais avant ces
journées de réflexions, il y a eu un travail en amont.
Un long processus
Le
ministre en charge de l’Education nationale, Stanislas Ouaro, a travaillé
d’arrache-pied pour la tenue de ces assises nationales. Il dit avoir été instruit
par le Conseil des ministres, en sa séance du 31 mars 2021, de tenir des
assises nationales de l’Education dans l’objectif « de repenser notre
système éducatif ». Depuis 2015, rappelle le patron de l’Education, le
Président du Faso a décidé de faire de l’Ecole la locomotive du développement.
C’est pourquoi, depuis son ascension à la tête de l’Etat, il a travaillé à
résorber les problèmes liés aux classes sous paillotes, construit des lycées
scientifiques et même rétabli les bourses scolaires supprimées depuis plusieurs
années. Mais c’était sans compter avec
les forces du mal. Ces hommes armés non identifiés ont, comme par malédiction,
tourné leur canon en direction des écoles, des lycées et des collèges du pays.
Conséquences : 2877 établissements scolaires sont fermés selon les données disponibles à
la date du 31 octobre 2021. Cette situation affecte 344 363 élèves et 9221
enseignants. Ces chiffres ont été précisés par le ministre Ouaro.
Juste
après l’accord de principe du Conseil des ministres, le chef du département de
l’Education nationale et ses collaborateurs ont entamé des rencontres
d’information et d’échanges avec plusieurs composantes de la Nation. Ils ont
« sollicité leur accompagnement et recueilli leurs contributions ».
Puis est venu le moment du choix du thème, de la rédaction du document de base
des Assises nationales, la mise en place d’un comité technique national de
validation du document et sa finalisation. Cette étape franchie, place aux
assises régionales tenues dans les 13 régions en octobre dernier. Le ministre
de l’Education nationale, porteur de ces assises nationales, a souhaité
que «des solutions pertinentes, réalistes, réalisables et consensuelles
sortent de ces assises nationales. »
« Je convoquerai bientôt la communauté
éducative»
Qui
plus que le président du Faso pour donner le top départ de ces Assises
nationales de l’Education ? Déjà, en 2007, il était à la tête de
l’Assemblée nationale lorsque la loi portant orientation de l’Education était
adoptée. Cette loi, selon plusieurs acteurs, a jeté les bases d’une éducation
pour tous au Burkina Faso, avec en toile de fond, des dispositions sur la
gratuité de l’éducation et l’obligation scolaire. Et en 2015, quand il arrivait
au pouvoir, le président s’engageait à investir dans l’éducation. « En
matière d’accès à l’éducation, j’ai pris l’engagement d’assurer le
développement de l’offre éducative tout en mettant fin aux classes sous
paillote, de développer l’enseignement et la formation techniques et professionnels,
de créer des classes préparatoires aux grandes écoles, et de doter chaque
région d’au moins un lycée scientifique », rappelle le chef de l’Etat,
Roch Kaboré. Dès sa réélection le 22 novembre 2020, il a promis
« d’asseoir l’économie du savoir et de bâtir l’école de demain par la
promotion de l’innovation technologique comme moyen d’excellence pour
transformer le Burkina Faso dans les secteurs sociaux et de développement ».
Pour le président du Faso, l’éducation est un droit pour chaque enfant, un
devoir de chaque parent et une obligation de toute la communauté. A l’en
croire, pendant ces assises nationales sur l’éducation, les participants sont
appelés à mettre à profit leurs expériences et compétences afin de contribuer à
la «construction d’une école solide et forte en phase avec les aspirations des
populations et les réalités socioéconomiques du pays».
Ces
assises nationales sur l’Education ont mobilisé plusieurs personnalités. Avant le chef de
l’Etat, le Premier vice-président de l’Assemblée nationale, Nestor Batio Bassière,
représentant son président Alassane Bala Sakandé, rappelle que 14 ans après
l’adoption de la loi sur l’orientation de l’éducation, elle reste d’actualité.
Il rappelle que l’enquête parlementaire
diligentée par l’Assemblée nationale en 2017 a révélé des dysfonctionnements
dans le domaine de l’Education. Ces dysfonctionnements montrent la nécessité de
repenser l’Ecole burkinabè. Et ces assises, selon le vice-président du parlement,
sont l’occasion de poser collectivement les problèmes et de leur trouver les
solutions les plus adaptées.
Tout
compte fait, le président du Faso promet de convoquer la communauté éducative
les jours à venir autour des conclusions et des actes de ces assises nationales
sur l’éducation. Il s’agit de faire en sorte «que chaque partie s’engage autour
du pacte fédérateur qui en sera issu pour aller dans la même direction avec des
objectifs communs. »
Par Ham SANGARE